Enseignement & Formation

Table ronde citoyenne n°7

Synthèse globale des échanges

Enseignement, Formation… et Insertion. Entre épanouissement personnel, et utilitarisme pour la société, entre construction d’un citoyen conscient et responsable, et construction d’un être utile et inséré dans le tissu économique, quelles conjugaisons, quels équilibres trouver ?

Comment répondre au décrochage scolaire d’une trop grande partie de la jeunesse calédonienne de son école, à l’illettrisme, à l’oisiveté qui découle d’un manque de savoir-être et de savoir-faire et, partant, à son impact sur la société calédonienne?

Comment répondre à l’évolution rapide du monde et des techniques, comment donner une autre chance aux adultes avec la formation professionnelle ?

Telles étaient les vastes questions auxquelles cette table ronde a tenté d’apporter des réponses avec ses trois ateliers, pendant une matinée entière hélas bien trop courte pour les aborder en profondeur.

Les experts de l’éducation savent combien le sujet est complexe tant il revient à aborder notre vision de la société, dont notre système éducatif est le reflet. Orientation, construction de l’identité personnelle et culturelle des élèves, égalité et pourtant prise en compte de la diversité, adéquation entre les moyens et les attentes, relation à l’autorité, choix parfois entre épanouissement et l’utilitarisme…. l’exercice est ardu mais cette table ronde formule ici un certain nombre de propositions concrètes pour commencer à y répondre.

La réflexion continue à partir des bases de travail qui vous sont livrées ici, pour être reprises et enrichies par votre réflexion.

Introduction aux problématiques de la table ronde

Atelier `` Une école pour tous``

Chaque enfant a le droit à l’École, quelles que soient sa situation ou ses difficultés. L’objectif de l’École et des enseignants, est le même : la réussite de tous ! La réussite scolaire constitue le défi majeur pour toute politique éducative et sociale. Cependant, l’école est souvent considérée comme reproduisant ou renforçant les inégalités sociales malgré tous les moyens mis en place pour tenter de les réduire.

C’est ainsi que de nombreuses études considèrent l’école comme un lieu privilégié pour l’étude des relations entre conation et cognition et des interactions entre variables psychosociales et conatives, dans le cadre de conduites complexes que sont les apprentissages.

On distingue, généralement, trois facteurs principaux de réussite scolaire :

  • les résultats antérieurs des élèves ;
  • leur statut socio-économique ;
  • la qualité de l’enseignement.

Quelles sont les conditions de la réussite à l’école ? Comment l’environnement familial et social de l’élève influe-t-il sur sa réussite ? Quel est le rôle de l’institution ? Comment créé une synergie entre les différents acteurs afin de placer l’élève au centre du dispositif ?Cet atelier s’est évertué à dresser des constats et proposer des solutions pragmatiques et réalisables pour chaque thématique :

  • Une école inclusive et égalitaire
  • Prévenir et lutter contre le décrochage scolaire
  • Construire son identité citoyenne en développant une pédagogie à l’écoute des enseignants et de l’enfant.

Chaque thématique sera abordée au travers du primes de l’école et de celui de l’élève afin, ainsi, de mieux cerner les problématiques (constats) et que les solutions fassent sens pour chacun d’entre nous, chacun dans son domaine d’intervention.

Thématique 1 : Une école inclusive et égalitaire

Quel est le lien entre l’inclusion et le droit à l’éducation ?

Le droit à l’éducation vise à garantir à chacun le droit humain d’accéder à une éducation de qualité tout au long de la vie.

Une approche inclusive de l’éducation signifie que les besoins de chaque individu sont pris en compte et que tous les apprenants participent et réussissent ensemble.

Il reconnaît que tous les enfants peuvent apprendre et que chaque enfant possède des caractéristiques, des intérêts, des capacités et des besoins d’apprentissage uniques. Une attention particulière est accordée aux apprenants qui peuvent être exposés à un risque de marginalisation, d’exclusion ou de sous-performance.

Par exemple, lorsqu’un enfant est en situation de handicap, il ne doit pas être séparé des autres apprenants à l’école et les évaluations et les progrès de son apprentissage doivent tenir compte de son handicap.

Lorsque l’on interroge les notions d’inclusion et d’égalité à l’école, le service public est présenté par le législateur comme « veillant à l’inclusion scolaire de tous les enfants sans aucune distinction ». Plus localement, « il ne faut laisser aucun élève sur le bord de la route ».

Quelle est la situation de notre école en Nouvelle-Calédonie ? Quelles solutions pouvons nous apporter ?

Constats/propositions autour de l'école

Système scolaire basé sur l’égalité

Il faut donner leur chance à tous pour mettre en place une véritable école équitable.

Manque de moyens dans certains secteurs qui ont des besoins spécifiques (diminution des effectifs…)

Revoir les critères de ZEP.

Manque de lien entre les divers dispositifs

Suivi de l’élève du début de la scolarité à son insertion professionnelle :assurer une prise en charge spécifique de chaque enfant / LSU (livret scolaire unique) : moyen de suivre l’enfant tout au long de son parcours.

Budget restreint

Donner les moyens financiers pour mettre en place ces dispositifs.

Taux de pression pour les orientations en BAC PRO

Multiplier les dispositifs comme le RSMA / Penser à l’épanouissement de l’enfant (ne peut pas choisir toutes les options qu’il veut ni la filière selon le dossier, si le dossier est trop bon, la classe d’âge…).

Discrimination envers les élèves orientés en SEGPA

Il faut faire évoluer l’image de la SEGPA (comme une chance pour les enfants d’y aller, de les mettre en réussite).

Non-respect des chances qui correspondent à l’individu et à ses capacités

Différenciation des dispositifs. L’école ne peut pas faire l’objet d’une politique de restriction des moyens.

Clivage entre les enfants

Mise en place de l’école inclusive (but premier de socialisation , en assurant une scolarisation de qualité pour tous les élèves de la maternelle au lycée par la prise en compte de leurs singularités et de leurs besoins éducatifs particuliers.).

Situation sociale particulière

Mise en place d’une convention pour un accompagnement individualisé avec le CCAS (ex : Collège de Rivière Salée…) / Mettre en place un relais entre les institutions et les familles / Éducation à la parentalité.

Décalage entre la demande de l’entreprise et l’employabilité de la personne

Valoriser ses compétences pour assurer une transition entre l’école et le monde du travail (Système anglo-saxon plus inclusif).

Prise en charge tardive d’un trouble de l’apprentissage

Détecter les difficultés de l’élève dès la maternelle.

Élèves illettrés qui passent au lieu de refaire une année / Parents qui ne peuvent pas suivre la scolarité de leur enfant

Devoirs faits à l’école / Mise en place de dispositifs de relais (sixième passerelle…).

Âge de 16 ans pour effectuer un stage en responsabilité

Changer le code du travail pour que dès 14 ans, le jeune puisse faire un stage et ne pas juste observer.

Manque de dispositifs pour les élèves en réussite

VSI (France Volontaires) / Internat de la réussite / Discrimination positive à l’entrée dans les grandes écoles.

Long temps d’acceptation, changement d’établissement régulier lorsque les parents n’acceptent pas la reconnaissance du handicap

Changer de regard sur le handicap (faire le deuil sur ses attentes, accélérer la prise en charge de l’enfant).

Thématique 2 : Prévenir et lutter contre le décrochage scolaire

Le décrochage est un processus qui conduit, chaque année, des jeunes à quitter le système de formation initiale sans avoir obtenu une qualification équivalente au baccalauréat ou un diplôme à finalité professionnelle, de type certificat d’aptitude professionnelle (CAP).

Il s’agit d’un processus dont la conséquence est un désintérêt progressif de l’élève pour l’école.

Dans le traitement de la problématique du décrochage scolaire, il est nécessaire d’identifier, bien sûr, les causes, les solutions possibles, mais aussi, et tout particulièrement en Nouvelle-Calédonie les acteurs sociaux et institutionnels impliqués dans la lutte contre le décrochage scolaire.

Constats/propositions autour de l'école

Difficultés à faire le lien entre les divers aspects de la vie de l’enfant

3 axes de travail : curatif, préventif, sociétal / mettre en place un cadre politique défini et efficient pour le long terme.

Usage du numérique qui peut être facteur de l’illettrisme

Il faut faire plus de prévention sur l’usage du numérique auprès de la population, parents et élèves, pour les sensibiliser aux risques encourus.

Mauvaise image des voies professionnelles : « voie de garage »

Revaloriser les voies professionnelles / Compagnons / Service civique / Intervention des parents dans les classes pour s’exprimer sur leur métier.

Situation d’illettrisme / Manque de confiance en l’école de la part des parents

Aller au-devant des parents atteints d’illettrisme pour devenir un exemple pour leur enfant (on peut aller à l’école à n’importe quel âge).

Constats/propositions autour de l'élève

Difficultés à mettre en place une différenciation pédagogique

Réduction des effectifs.

Manque d’intérêt pour l’école ou pour les savoirs enseignés

Trouver d’autres techniques pour lui donner envie d’aller à l’école (lier à une compétence utile dans notre vie en société).

Élèves en décrochage pris en charge trop tard

Amplifier le suivi et la détection pour éviter le décrochage.

Difficultés de suivre les élèves en décrochage

Soutenir et renforcer le projet de veille éducative/ Cerner le moment du décrochage

Difficultés sociales (addictions, violence, difficultés à se déplacer…)

Mettre l’accent sur les besoins primaires.

Élèves en difficulté et en décrochage

Classes passerelles.

Manque de visibilité sur les difficultés de l’élève d’un établissement à l’autre

Dossier scolaire de la primaire donné à la famille au lieu de le donner au collège.

Thématique 3 : Construire son identité citoyenne en développant une pédagogie à l’écoute des enseignants et de l’enfant.

La notion de citoyenneté revêt une importance particulière en Nouvelle-Calédonie. Mais comment construit-on une citoyenneté à l’école ?
L’éducation à la citoyenneté a pour ambition de favoriser une culture de l’engagement durant le temps scolaire. Si l’élève acquiert des connaissances et des compétences avec l’Éducation morale et civique (EMC), il devient par ailleurs véritablement sujet et acteur à travers une participation et des prises de responsabilité au sein des instances (conseils de classe, conseils d’administration, etc.), d’une classe coopérative ou dans la vie associative, par exemple.
C’est par cette implication réelle et concrète qu’il éprouvera le mieux son rôle de citoyen.

L’éducation à la citoyenneté se transmet et se partage.

Constats/propositions autour de l'école

Formatage intellectuel métropolitain : pas de grandes adaptations (inspecteurs formatés également en métropole).

Plus de représentativité dans le gouvernement de chaque secteur (maternelle, primaire, secondaire, études supérieures)
Prendre davantage en compte les spécificités locales.

Représentation faussée de l’APE (kermesse…).

APE peut accompagner les parents dans l’éducation des enfants et servir de relais entre les parents et le monde enseignant
Développer les APE (trop peu de monde).

Système basé essentiellement sur les connaissances et un modèle unique.

Mettre l’accent sur le savoir-faire et le savoir-être.

Système éducatif pas en phase avec notre société.

S’inspirer des modèles voisins pour créer notre système éducatif, sociétal et économique calédonien (système en Europe du Nord et en Amérique, en Australie…).

Approche de la parentalité faussée (copinage, enfants qui sont dans les nakamals, tablettes…).

Prévention par le biais de messages : capsules vidéo humoristiques, petites séries avant le journal télévisé.

Désintérêt des parents pour l’école

Ouvrir des cours aux parents pour les ramener vers l’école.

Diplôme de professeur des écoles non reconnu entre la Métropole et la Nouvelle-Calédonie

Faire le lien avec la Métropole et l’Europe

Constats/propositions autour de l'élève

Désintérêt pour les matières fondamentales

Pallier par un autre domaine.

Peu de connaissances à la sortie du système scolaire mobilisables.

Donner plus de liberté pédagogique aux enseignants et aux établissements.

Rythmes scolaires inadaptés eu rythme de l’enfant

Travailler les fondamentaux le matin et les activités artistiques et musicales l’après-midi, faire appel à des intervenants / Associer les rythmes scolaires au monde économique.

Manque de pédagogies innovantes

Travailler autrement : mixer les niveaux pour développer l’empathie, façon de travailler autrement les fondamentaux (Innov’école).

La table ronde en photos

Atelier `` Formation``

Régulièrement, lorsque l’on évoque les thématiques de la formation de nombreux débats ont lieu entre chercheurs, enseignants et le monde institutionnel concernant l’état de l’école que ce soit en France ou en Nouvelle-Calédonie mais aussi du marché de l’emploi.

Cependant, deux thématiques, intimement liés, sont mises en lumière : la formation professionnelle et le décrochage scolaire.
La formation professionnelle est souvent perçue comme une voie de garage pour les élèves déscolarisés. Mais ne devrait-elle pas être perçue différemment par notre société ?

La formation professionnelle est un outil majeur à la disposition de tous les actifs : salariés, indépendants, chefs d’entreprise ou demandeurs d’emplois. Elle permet de se former tout au long de son parcours professionnel, pour développer ses compétences et accéder à l’emploi, se maintenir dans l’emploi, changer d’emploi ou de métier, engager une reconversion professionnelle.

Se pose, ensuite, en amont la question des déterminants amenant au décrochage scolaire. Quels sont-ils ? Et comment lutter efficacement contre ce dernier ?

Enfin, l’adéquation « formation-emploi » est une thématique redondante au même titre que le décrochage scolaire car elle présente des défis importants auxquels tant les entreprises que les pouvoirs publics cherchent à répondre.
En effet, l’« adéquation formation-emploi » est conçue comme une finalité de notre politique d’éducation. Si un individu se forme en acquérant des compétences spécifiques en vue d’occuper un emploi donné, il est logique de se demander s’il a atteint son objectif.

Nombreux sont les exemples de jeunes qui lorsque revenant de leurs études, « n’occupent pas l’emploi pour lequel ils sont partis se former ». Quels sont les besoins du marché de l’emploi calédonien ? Comment anticiper ce besoin ? Quelle reconnaissance pour nos jeunes ?

 

Déroulement de l’atelier 

Visionnage du reportage «… », émergence des représentations et des questionnements et émergence des représentations du groupe 

 – La vidéo n’était pas représentative de ce qu’est la jeunesse en NC. Elle en occultait une partie et notamment, celle qui est le plus en manque de repères.

– La famille ne joue plus son rôle. 

-L’école n’a pas pour but d’éduquer mais d’instruire.

-Le pays ne donne pas de travail à nos jeunes. 

 Questionnements 

 Que fait-on des jeunes qui se situent hors du cadre de notre société ? Comment les familles gèrent-elles ?

  • Pourquoi y-a-t-il autant de déperdition d’élèves entre la phase de fin du collège et l’entrée dans la vie active ?
  • Comment combattre le décrochage scolaire ?
  • Pourquoi nos jeunes ne trouvent-ils pas de travail ?

 Reformulation en commun :

  • Comment établir le lien formation/insertion ?
  • Comment permettre à un jeune de trouver son orientation selon ses capacités pour éviter le décrochage scolaire ?
  • Comment miser sur les potentiels individuels au travers de la formation professionnelle afin de favoriser l’insertion ?

Phase de brainstorming

Se sont dégagées plusieurs problématiques :

La carence de structure d’accueil pour les 14-17 ans en situation d’échec scolaire

 Quels sont les établissements pouvant les accueillir ? Actuellement, l’orientation est effectuée par les établissements sur des critères ne prenant pas en compte l’élève en lui-même, son potentiel et ses aspirations.

Le monde de l’entreprise est à saturation en demande de stage et d’alternance.

Plusieurs facteurs :

  • Question de l’inadéquation entre l’offre et la demande et donc de connaissance des besoins des entreprises.
  • Manque de flexibilité dans la filière apprentissage.
  • Manque de structures (type SPOT).

Le monde du travail est en manque pour certains secteurs (ex : secteur agricole, …) de diplômés.

  • Certains titres professionnels ou diplômes calédoniens sont promus mais par rapport au référentiel national, on observe des problèmes de reconnaissance desdits diplômes. Les institutions (VR et GNC) sont conscientes des limites et du manque de flexibilité.
  • Il y a nécessité d’élargir le cadre de la réflexion pour les titres professionnels et diplômes calédoniens vers des secteurs qui sont moins attractifs ou sous représentés (agricole, …).

Les pouvoirs publics interviennent de moins en moins.

  • Le financement de la formation en NC est passé de 3 milliards à moins d’un milliard.
  • Se pose aussi la question du coût pour la famille de l’élève s’engageant dans la voie professionnelle.

Structurellement, le tissu économique calédonien n’a pas assez de postes niveau cadre pour absorber les diplômés (BAC+3 et plus).

Ex : dispositif cadres avenir.

  • Il faut réorienter : le marché de l’emploi a besoin de personnes avec des compétences intermédiaires.
  • Se pose la question du niveau de recrutement des diplômés qui se plaignent de ne pas être recrutés à hauteur de leur diplôme. Ce dernier est une présomption de compétences : capacité à… et pas un droit à… .

Manque de structures pour les personnes en situation en TH : placement à l’emploi.

Les représentations du monde du travail en NC sont décalées par rapport à notre société.

Propositions effectuées par les participants

Revenir sur le collège unique qui pousse l’élève à aller jusqu’en troisième et qui, par conséquent, a gommé l’opportunité de s’orienter à partir de la 5ème.
Identifier les difficultés plus en amont les déterminants du décrochage scolaire en accentuant le travail de prévention.
Mieux cibler les potentiels des jeunes et des publics fragiles afin d’améliorer l’image qu’ils ont d’eux-mêmes
Pour les élèves de 13 à 17 ans en situation de décrochage scolaire : Proposer des structures adaptées
Travailler à l’amélioration des contrats d’alternance en mettant en place un programme de travail avec suivi régulier. L’élève sera valorisé car il sera véritablement inclus dans l’entreprise et en saisira d’autant les règles (notion d’employabilité).
Apporter une autre modalité alternance dans le milieu scolaire classique (théorie/pratique).
Améliorer la performance des dispositifs de formation et mieux évaluer l’individu dans un parcours personnalisé.
Pour certains secteurs du marché de l’emploi, la Nouvelle-Calédonie propose des formations. Cependant, certaines assurances ne reconnaissent pas les diplômes.: Nécessité de proposer et d’adapter les diplômes avec la réglementation.
Sécuriser son financement de la formation professionnelle
Revaloriser l'image de la formation professionnelle et notamment dans la façon dont elle est perçue par la société.
Au niveau politique, dans le nouveau statut, négocier avec l’Etat pour accentuer et permettre aux jeunes calédoniens de s’orienter vers des diplômes les amenant vers des compétences intermédiaires (bac à bac+2) collant à la réalité du marché de l’emploi.
Favoriser l’identification des besoins du tissu économique.
Favoriser l’entrepreneuriat.

Atelier `` Une insertion durable et réussie``

Dissocier la thématique de l’insertion de celles de l’enseignement et de la formation a été un choix évident, mais pour autant non-aisé à mettre en œuvre lors de la table ronde tant dans les mentalités la notion d’insertion reste directement reliée à celle de l’insertion professionnelle.

Ainsi, le modèle de réussite serait-il aujourd’hui uniquement celui de l’individu intégré dans le monde professionnel ?

Dans la société multiculturelle calédonienne, cette vision de l’insertion ne risque-t-elle pas d’être réductrice et non représentative des valeurs et compétences liées aux modes de fonctionnements traditionnels ?

Il est donc essentiel de définir voire redéfinir les notions de « réussite », « d’insertion réussie ».

Et permettre d’apporter des propositions pour aider l’individu à construire un projet de vie et à atteindre son autonomie dans la société. Cela n’écarte pas pour autant la problématique de l’emploi qui pour une majeure partie de la population permet d’atteindre l’autonomie financière. Cependant, pour répondre aux besoins et aux attentes de l’individu, l’emploi ne devrait il pas être repensé ?

Vision de l’insertion : Dans un sens large, l’insertion est le fait d’être bien et de se sentir bien dans son environnement de développement, dans la société, dans sa tribu, dans son travail, dans sa famille, dans son entourage. (amis, collègues)

La Nouvelle-Calédonie compte des disparités culturelles avec des conceptions différentes de la réussite sociale. La notion de réussite repose-t-elle uniquement sur les performances scolaires ?

L’école doit être un vecteur de réussite personnelle et non uniquement basée sur un statut social

Réformer le système scolaire en l’adaptant aux différents profils des élèves pour identifier et développer leurs compétences personnelles et mettre fin à la performance scolaire ;

Adapter le socle de la société calédonienne au parcours de l’individu pour qu’il puisse trouver sa place. Il faut développer des valeurs et une citoyenneté calédonienne dès le primaire afin de permettre aux jeunes de s’identifier au sein d’une communauté unie ;

Développer un accompagnement scolaire individualisé aux élèves en difficulté afin qu’il soit conscient de ses capacités et de son potentiel pour lui permettre de mieux s’intégrer dans la société ;

Redonner une image d’autorité à l’école : redonner sa légitimité au personnel enseignant, promouvoir le port de l’uniforme ;

Développer le lien entre les parents et l’école en les incitant à s’impliquer davantage dans l’éducation (familiale et scolaire) de leur enfant ;

Préparer l’insertion sociale de l’enfant et le responsabiliser le jeune sur son avenir, en élargissant le port des uniformes aux élèves du second degré pour les habituer déjà aux contraintes vestimentaires liées à leur futur environnement, développer les journées découvertes du monde de l’entreprise, apprendre à l’enfant à devenir acteur de son projet de vie ; en le sensibilisant au monde du travail ;

Créer une passerelle entre l’école et le monde professionnel : Nécessité d’intégrer dans le processus de formation les professionnels du travail afin d’avoir une vision plus pragmatique de la vie en entreprise, il faut professionnaliser le métier de formateur et de professeur ;

Si dans le nouveau projet de société, dès l’école , est fait le choix d’offrir une plus grande place au monde professionnel, de nouvelles questions font débat et nécessitent d’être abordées :

Dans la société occidentale et dans la société traditionnelle, quelle est la notion du travail ?

Quelle(s) valeur(s) lui donne-t-on ?

L’émergence des potentiels

Le taux de délinquance, un indicateur de l’efficacité des politiques éducatives et d’insertion

La capacité de la société à créer du bien-être passe par la prise en charge de la délinquance afin de révéler le vrai potentiel de l’individu et de trouver son utilité au service de la performance.

La qualité délinquante :

Ce qu’on peut en déduire:

► Les talents sont multiples et nombreux sur le caillou, encore faut-il savoir les rendre performants dans le domaine où ils peuvent s’épanouir professionnellement. La société doit permettre, par l’école mais aussi dans les différents espaces publics et privés, le développement de compétences psychosociales des individus dès la petite enfance pour révéler leurs aptitudes relationnelles, émotionnelles et communicatives qui sont bénéfiques pour leur santé physique et mentale :

  • L’estime de soi (en apprenant à identifier et à reconnaître ses émotions pour les exprimer/ en gagnant en autonomie et en s’émancipant)
  • La confiance en soi (en prenant conscience de sa valeur, de ses propres spécificités, de ses réussites –> de son POTENTIEL)
  • => Apprendre à identifier ses savoirs, savoir-faire, savoir-être et ses compétences transférables au monde professionnel
  • La connaissance de son environnement (connaître et comprendre l’autre, pour se connaître et se comprendre/ connaître son espace de vie et apprendre à reconnaître et à s’émerveiller dans un espace serein accueillant et protecteur
  • Développer son identité propre pour s’ancrer dans sa société.
  • Former sur le savoir-être en société.

Les jeunes calédoniens sont de plus en plus nombreux à obtenir des diplômes et qualification dans leur domaine de prédilection.  Réussir dans son domaine participe au développement de son estime et de sa confiance en soi. Néanmoins, un grand nombre de jeunes diplômés se rendent compte que leur domaine de compétence ne recrute pas donc :

Soit ils s’orientent dans des voies différentes afin de pouvoir subvenir à leur besoin.

Soit ils décident de ne pas rentrer sur le territoire et envisagent une carrière à l’extérieur.

Faut-il donc reformer certains modèles de rééquilibrage car ils arrivent à terme et semblent aujourd’hui obsolètes ? (Cf. Cadres Avenir : manque de vision à long terme et 30 ans après, ce dispositif devient obsolète répond de moins en moins aux enjeux actuels).  => GPEC Faut-il accompagner les jeunes diplômés à la création d’entreprise dans leur domaine dans le secteur privé ( –> privatiser certaines administrations ou services  actuellement du secteur public ?)

Un défi pour la Nouvelle-Calédonie : lutter contre l’illettrisme et développer les compétences langagières

La société calédonienne enregistre un fort taux d’illettrisme, ce qui découle du mal-être à comprendre et/ou se faire comprendre. A court terme, développer une communication plus visuelle au sein des entreprises.  A long terme, mettre en place des cours d’éloquence dès la petite enfance pour développer une communication claire et fluide. Donner les chances à chacun de réussir son projet de vie;

Accompagner l’individu

Changer le métier d’éducateur social en accompagnateur jeunesse qui aurait un profil adapté à la prise d’un public en voie d’insertion (Fiche métier DFPC : Il participe à la conception et à la mise en œuvre d’un projet d’activité tels que les animations socioéducatives, les animations périscolaires, les actions de proximité et les chantiers de jeunes. Il accompagne les jeunes dans la mise en œuvre de leur(s) projet(s) par des missions d’information et de sensibilisation, d’accompagnement à la scolarité et d’accompagnement de projets (emploi, formation, mobilité, logement, santé, vacances, culture, sport, vie pratique). Il peut également intervenir auprès de public en situation de handicap.) ; Mettre en œuvre des parcours emploi-compétences reposant sur le triptyque emploi-formation-accompagnement : un emploi permettant de développer des compétences transférables, un accès facilité à la formation et un accompagnement tout au long du parcours tant par l’employeur que par le service public de l’emploi, avec pour objectif l’inclusion durable dans l’emploi des personnes les plus éloignées du marché du travail. L’environnement culturel et l’évolution de la société structurent l’identité du jeune adulte : Au Danemark, les entreprises proposent des postes non qualifiés et accessibles aux jeunes sans expérience. C’est un système social égalitaire et libérale qui favorise l’indépendance des jeunes ; Développer les contrats aidés incluant un accompagnement personnalisé pendant toute la durée du parcours d’insertion, qui permet à la personne d’être actrice de son projet. Lui garantir un revenu minimum stable, un recrutement facilité et une situation de travail adaptée à son besoin. Lui permettre de suivre une formation alternante certifiante. Et que ce dispositif d’insertion et d’accompagnement soit inscrit dans le territoire et ses logiques de développement économique (nouvelles technologies, nouvelles compétences, entreprenariat, etc…)

  • Proposer un accompagnement intensif des Jeunes pour mieux connaître ses capacités et mettre en avant ses points forts ;
  • mieux comprendre les attentes des recruteurs, leurs besoins en termes de postes et les compétences qu’ils recherchent ;
  • apprendre à utiliser les différentes techniques pour chercher un emploi ;
  • faire rencontrer des professionnels et les mettre en lien avec les employeurs ;
  • réussir son intégration en entreprise ou en formation.
  • Proposer un accompagnement de l’adulte en situation de handicap : Les jeunes sont à la fois l’avenir des territoires et la clé de leur vitalité. Or à ce jour encore trop de talents ne sont pas révélés. L’objectif : leur donner les moyens de prendre leur avenir en main et de jouer un rôle social structurant : développer le milieu associatif pour développer les compétences des personnes handicapées, sensibiliser dès l’enfance au monde du travail, adapter le programme scolaire en incluant les enfants à besoin particulier.

A nouveau, cela nécessite une synergie entre les collectivités et les employeurs pour connaître le marché de l’emploi, et les besoins en compétences, afin d’orienter au mieux l’individu.

« Être autonome, c’est être capable de se déterminer par rapport à autrui, être acteur, être auteur. On peut ainsi formuler ses demandes pour être aidé, en termes de partenariat, et non de dépendance. Il s’agit d’être capable de décider par soi-même, de prendre en charge ce qu’on peut, et pour le reste de savoir gérer ses dépendances »

Sécuriser le parcours d’insertion de l’adulte par une prise en charge globale du stagiaire durant sa période de formation (protection sociale, la rémunération et l’aide aux transports) ; Centraliser en un lieu les services d’aide et d’accompagnement de la personne dans la gestion de son quotidien (logement, emploi, etc…) par la création de guichets uniques. Cela permettra à l’individu de pouvoir effectuer en un seul point toutes ses démarches et de recevoir un accueil cohérent, surtout lorsqu’il ne dispose pas de moyen de transport individuel, et surtout éviter de la décourager dans la recherche et la pérennisation d’une situation d’emploi ; Pour inciter à développer à la formation ou reprise d’études, proposer au parent des crèches sur le lieu de formation ; Proposer une aide individuelle finançant des actions de formation à la conduite en vue d’obtenir le permis de conduire B. L’auto-école et le jeune conviennent ensemble des modalités de règlement, sur le motif de faciliter son accès au marché du travail, d’être dans une démarche de recherche d’emploi et d’autonomie sociale. L’aide est destinée à payer tout ou partie de la prestation d’auto-école par le jeune. (Exemple de l’Ile de France) ; Mettre en œuvre un dispositif d’accompagnement personnalisé des jeunes, inscrits dans une démarche d’insertion, ou à leur sortie du système scolaire dont l’objectif est de prévenir et d’éviter les ruptures de parcours, de développer une mobilisation, d’augmenter le désir de pouvoir devenir autonome, de prévenir le décrochage social et d’éviter de rentrer et/ou de rester dans l’errance et dans des situations de dangers physiques et psychologiques :

  • Soutenir financièrement, de façon temporaire, des jeunes dans une situation très précaire relative à un état de santé et/ou du fait d’une rupture ou d’une absence partielle ou totale de ressources,
  • Aider financièrement des jeunes travailleurs pour lesquels le salaire perçu ne leur permet pas de satisfaire aux besoins fondamentaux garantissant un maintien dans l’emploi,
  • Permettre à des jeunes en parcours d’insertion, à des jeunes travailleurs, ou à des jeunes en formation dont les revenus mensuels sont très faibles, l’accès à un hébergement pendant une durée déterminée, etc…) (Exemple de la Gironde).

La nécessité de réaliser une GPEC à l’échelle territoriale pour avoir un macro-modèle de l’organisation interne du travail afin d’améliorer la qualification des individus, adapter la formation aux besoins des employeurs, et aux actifs de faire évoluer leurs compétences sur une période de 30 ans a déjà été soulevée dans cette synthèse. Néanmoins, il semble indispensable de tenir compte, dans un premier temps, des évolutions techniques et numériques qui vont entraîner les modifications du marché du travail (fermeture d’emplois obsolètes et la création de nouveaux emplois) et, dans un second temps, de chercher à maintenir notre singularité, et que cette dernière soit intégrée dans notre système sociétal :

  • Adapter le travail au contexte culturel océanien en trouvant entre la conception occidentale du travail bâtie sur l’individualisme, de nature à promouvoir les valeurs de rentabilité et de profit par le travail, et océanienne, souvent plus traditionnelle, communautariste, et centrée sur l’autosubsistance au jour le jour. Il faudrait une fluidité du marché du travail plus conséquente, avec des contrats de travail à la carte pour enfin disposer d’un vrai panel de choix pour répondre à la diversité des profils des demandeurs d’emploi et des contraintes « coutumières » ;
  • Reconnaitre des talents comme compétence : les compétences personnelles doivent être valorisées dans la rédaction et dans la lecture d’un CV afin que le recruteur ne base pas uniquement sur les qualifications mais aussi sur les capacités individuelles. Il faut revoir les standards de recrutement en se basant sur les profils psychologiques visant l’émergence de potentiel ;
  • Proposer des métiers pour les personnes des quartiers sensibles, sur l’exemple des postes d’adultes relais chargés de la médiation sociale et culturelle dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les autres territoires prioritaires des contrats de ville, pour améliorer les relations entre les habitants de ces quartiers et les services publics, ainsi que les rapports sociaux dans les espaces publics ou collectifs. Ces postes font l’objet d’une convention préalable entre l’employeur et les collectivités.
  • Valoriser les parcours de réussite dans la société traditionnelle d’autosuffisance ??

 

Les autres points traités :

  • Le Camp Est et le taux de récidive
  • la motivation, le retour de l’autorité, la responsabilisation

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Thierry SANTA

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