Pierre Frogier : « La vocation du Rassemblement est de réunir les partisans de la France »

Pierre Frogier : « La vocation du Rassemblement est de réunir les partisans de la France »

Mes chers amis, mes chers compagnons.

 

Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvés comme ça, en famille .

Cela m’a manqué mais je crois que, vous aussi, vous aviez envie que nous nous puissions nous retrouver, entre nous.

Et aujourd’hui, nous avons besoin, ensemble, de parler de l’avenir.

Le Rassemblement signataire des accords de Matignon et de Nouméa, a une histoire et un héritage qu’il doit assumer.

C’est ce qui garantit sa légitimité et sa crédibilité pour participer aux négociations à venir et pour contribuer à tracer l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Et je vous assure que j’ai la volonté que nous y prenions toute notre place.


Le Rassemblement n’est pas un parti comme les autres, parce qu’il a une histoire, parce qu’il a un héritage. Il ne s’agit pas de ressasser un passé.

Il s’agit de nous souvenir que le Rassemblement, ce n’est pas une feuille blanche.
Il a une philosophie, des principes, une doctrine.
Il a une histoire et c’est ce qui fait sa singularité.
C’est ce qui nous distingue.
Au Rassemblement, notre histoire nous oblige et nous engage.

Nous n’avons pas le droit de l’oublier, nous avons l’obligation de l’assumer.

L’héritage du Rassemblement c’est, avant tout, son rôle essentiel dans l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie.

Il est signataire des accords de Matignon et de Nouméa, qui ont posé les bases de la Calédonie de demain.

Il assume les acquis de ces 30 dernières années, que ce soit le choix de la réconciliation, la reconnaissance de l’autre, la recherche du compromis, le partage des responsabilités et tout ce qui a fondé cette exemplaire exception calédonienne, au sein de la République.

Il est le garant de la poignée de mains de Matignon entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou.

Cette poignée de main désormais immortalisée dans une statue, sur la place de la Paix, au cœur de Nouméa, pour que tous les calédoniens se l’approprient.
Tant mieux !

Au Rassemblement, nous ne devons pas, pour autant, renoncer à revendiquer ce geste fondateur qui traduisait la reconnaissance de nos deux légitimités et la volonté de construire ensemble, par le partage des responsabilités et le rééquilibrage.
Nous, nous assumons cet héritage.

Comme nous assumons celui de l’Accord de Nouméa même si j’ai eu l’occasion de regretter un accord imparfait qui, en outre, a été dénaturé par le gel du corps électoral, en 2007.

Nous assumons notre signature de l’Accord de Nouméa parce que – malgré toutes ses imperfections – il a permis que la Nouvelle-Calédonie demeure dans la France.

Alors certes, je reste convaincu que nous aurions dû éviter la succession mortifère des trois référendums couperets qui n’ont apporté aucune solution. Mais on ne refait pas l’histoire !

Et je constate que l’objectif qui nous est fixé aujourd’hui, par le Président de la République, lui-même, c’est de rechercher un accord consensuel, ce nouvel accord que, précisément, nous appelions de nos vœux depuis 2009.


Le Rassemblement assume son histoire, son héritage et sa signature. Mais que dire des indépendantistes, ces partenaires qui par opportunisme électoral se sont réfugiés dans l’adversité, comme s’ils n’avaient pas, eux aussi, à assumer une responsabilité particulière dans le processus engagé en 1988 et reconduit en 1998 ?

Pire je constate qu’ils se comportent comme si cette poignée de mains n’avait jamais existé. Comme s’ils ne s’étaient pas engagés à construire, avec nous, une communauté de destin.

 

J’ai été très frappé, ces derniers jours , par cette référence permanente à la table ronde de Nainvilles-les-Roches dont ils ont célébré, en grandes pompes, le 40ème anniversaire, pour se glorifier d’avoir accepté de partager le droit à l’autodétermination avec ce qu’il est convenu d’appeler les « victimes de l’histoire ».

Ce que, pour notre part, nous n’avons jamais accepté.
Ils se réfèrent à Nainvilles-les-Roches et à l’Accord de Nouméa, en feignant d’ignorer les accords de Matignon et le message de fraternité qu’ils témoignaient.

D’ailleurs, ils n’en parlent même plus ! C’est comme si l’ombre de Jean-Marie Tjibaou leur était insupportable.

Et je m’interroge : qu’est devenue l’Union calédonienne et sa devise « deux couleurs, un seul peuple », quand ses leaders prônent l’exclusion, quand ils refusent d’ouvrir le corps électoral et quand ils considèrent qu’il y a, en Nouvelle-Calédonie, des accueillants et des accueillis ?

Comment faire confiance au FLNKS quand il renie sa signature de l’Accord de Nouméa ?

Quand il remet en cause le 3ème référendum qu’il a lui-même réclamé avant de refuser d’y participer ?

Quand il persiste, contre toute évidence, à défendre une trajectoire qui mènerait à la pleine souveraineté et qu’il demande le transfert des compétences régaliennes ?

Quand il parcourt la planète, de New York à Bakou, pour faire le procès de la France et chercher des soutiens internationaux pour la déférer devant la Cour internationale de justice ?

Il faut bien admettre qu’ils ne sont plus à la hauteur des enjeux et que leur seule stratégie est de susciter en permanence une réaction de solidarité communautaire à vocation électoraliste.

Nous devons affirmer face à eux, que l’Accord de Nouméa est arrivé à son terme.

Que pendant plus de 30 ans, nous avons mis en œuvre une politique volontariste de partage et de rééquilibrage, dans le but de « refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie ». C’est ce que dit l’Accord de Nouméa.

Cet accord était, lui même un accord de décolonisation parce que nous avons accepté de partager le pouvoir, en consentant des dérogations au principe majoritaire, parce que nous avons accepté une clef de répartition budgétaire inique, parce que nous avons accepté que soient privés du droit de vote une partie de nos concitoyens.

Et malgré tout, à l’issue de cette période, nous avons repoussé l’indépendance et affirmé notre volonté de rester français. Et ce résultat s’impose à tous.

Non seulement la Nouvelle-Calédonie reste dans la France – comme l’a clairement affirmé le Président de la République au soir du 12 décembre 2021 – mais nous pouvons , désormais, affirmer que nous sommes ici chez nous.
Cette terre nous appartient, à nous aussi.
Que nous y avons tous les mêmes droits.

 

Cependant un an et demi après le 3ème référendum, et malgré l’affirmation que la Calédonie restera française, nous n’avons, pour l’instant, aucune autre perspective.

Certes je souhaite devant vous saluer l’engagement et la détermination du Ministre de l’Interieur et des Outre-mer qui a réussi à débloquer la situation.

Mais tout reste à faire.

C’est le sens, me semble-t-il de la visite du Président de la République, qui arrive dans quelques jours, pour nous inciter à trouver un accord consensuel pour un nouveau statut.

Au stade actuel, je constate qu’il y a une convergence de vue entre le Président de la République et le Sénat.

Dans son rapport qui vient d’être publié, la mission sénatoriale d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie préconise en effet « un accord consensuel et global entre les trois parties, avant les prochaines élections provinciales. »

J’ai compris, à la lecture d’un communiqué de presse paru

ces derniers jours que le Chef de l’Etat souhaitait lui aussi, un accord global qui permettrait non seulement de  » dégeler  » le corps électoral mais aussi de reconstruire nos institutions.

C’est sur l’architecture globale du nouveau statut que nous allons devoir travailler.

Vous le savez, j’ai déjà tracé les grandes lignes d’une solution inspirée des Accords de Matignon, qui ont scellé la paix de notre pays par son découpage en trois provinces fédérées.

Cette solution se base sur deux principes :

Le premier, c’est la nécessité d’avoir cette terre en partage.
Cela signifie que nous devons respecter nos différences et mettre en œuvre un « savoir-vivre ensemble » réaliste et respectueux des réalités du terrain. C’est unifier, en harmonisant les contraires, au lieu d’uniformiser en écrasant les différences.

C’est la prise en compte d’une réalité. Nous devons constater qu’il y a, en Calédonie, des groupes humains qui n’ont pas le même état des personnes, ni la même culture. Des communautés qui veulent vivre ensemble mais pas de la même manière.

Le second principe, le cœur de cette proposition, c’est de redonner toute sa place à la collectivité provinciale.

Cette idée a été volontairement déformée et caricaturée mais c’est, la aussi un retour aux sources des accords de Matignon qui font de la Calédonie une collectivité fédérée. Ce sont les trois provinces qui s’additionnent pour former la Nouvelle-Calédonie et les trois provinces sont dotées de la compétence générale qui s’accompagnera du principe de subsidiarité afin de réserver aux communes une place privilégiée dans la gestion quotidienne de leurs administrés.

Le rapport du Sénat insiste, d’ailleurs, sur la nécessité de doter les communes de Nouvelle-Calédonie d’une autonomie financière mais aussi d’outils d’intercommunalité similaires à ceux dont peuvent bénéficier les communes métropolitaines. C’est une évolution indispensable que nous devrons intégrer dans le futur statut.

Pour terminer sur l’Accord de Nouméa, je vous engage à relire son préambule. Son caractère intemporel établit les bases communes de la fraternité calédonienne.

Ce préambule nous rappelle notre histoire et nous explique pourquoi le seul modèle viable de gouvernance sur cette terre, est celui du compromis. Car si chacun a sa vérité, chacun doit chercher à comprendre la vérité de l’autre. C’est ainsi qu’on trouve la voie médiane, la voie du compromis..


En évoquant le rapport de la mission sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie menée par le Président de la commission des Lois du Sénat, cela me renforce dans ma conviction que le Sénat jouera un rôle déterminant. Et c’est pour participer pleinement à cette nouvelle étape de la construction de notre avenir que je sollicite – vous le savez – un nouveau mandat.

Je pense que l’investissement, qui a été le mien, mon expérience, mes connaissances, mes réseaux peuvent servir, utilement, la Nouvelle-Calédonie dans ce moment décisif.

Et pour conclure, je dois revenir à l’héritage du Rassemblement.

Sa vocation,lors de sa création, était de réunir tous les Partisans de la France.

Sa vocation était de réunir de Jacques Lafleur à Dick Ukeiwe, de Roger Laroque à Parawy Reybas, d’Atelemo Taofifenua à Victorin Boewa, de Jean Lèques à Hilarion Vendegou, de Simon Loueckotte à Alain Paagalua, de Pierre Mandaoue à George Avril, de Maurice Ponga à Marie Sinewami, de Maurice Nenou à Annie Beustes.

Qu’il me soit pardonné de ne pas tous les citer.

Cher Alcide, chère Virginie, chers Léa, Ludo, Jordan, animateurs de la section « jeunes ».  Vous vous inscrivez dans cette lignée et vous devrez incarner un Rassemblement à l’image de notre communauté humaine si contrastée. Il en va de la crédibilité de notre action politique.

 

Certes le Rassemblement a été malmené.

Mais il est toujours là et je crois en la force de ses sections et en la solidité de son tissu militant.

En cette période qui s’ouvre par la venue du Président de la République à notre rencontre, nous avons l’ardente obligation de travailler à l’unité de notre famille politique, notre famille au sens large, celle de tous les Partisans de la France.

Nous ne devons pas avoir peur de l’union et nous devons construire une alliance, avec celles et ceux qui, pour diverses raisons, nous ont quittés ou se sont éloignés mais qui partagent avec nous les mêmes convictions et dont la sincérité ne peut être mise en doute quand il s’agit de construire l’avenir de la Calédonie dans la France. Cette union est nécessaire. Elle est vitale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Thierry SANTA

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